Une vie de rêve... [Shadowrun]

J’ai toujours eu une vie de rêve. Je n’ai jamais manqué de rien.
Des parents de rêve dans une maison de rêve, en sécurité dans un quartier corporatiste, bien à l’abri de ces sauvages des bas fond qui s’entretuent pour une poignée de nuyens…
Mes talents de magicien ont été détectés très tôt et j’ai étudié dans la meilleure école de magie, obtenant des résultats si brillants que j’obtins bien vite les félicitations de mes professeurs et la jalousie de mes co-disciples.
Reçu premier à l’examen de fin d’étude, je fus embauché par la corporation dont je rêvais et me vu confié le poste idéal. Au sein d’une équipe du service « Action et Infiltration » et sous les ordres d’un leader aussi charismatique qu’expérimenté, j’appris les ficelles de mon métier, celles qui ne sont pas abordées à l’école. Pendant deux ans, le rêve se prolongea : des liens d’amitié profonds se tissèrent avec les différents membres de notre équipe. Nous étions comme une famille, loyaux et soudés, ce qui nous rendait d’autant plus efficaces et indispensables. Et c’est là que le grain de poussière vint détraquer cette belle mécanique bien huilée…
Le chef du service « Action et Infiltration » voyait d’un très mauvais œil la montée en puissance de notre équipe, considérant notre chef comme une menace potentielle pour son évolution de carrière. Alors il nous tendit un piège, nous envoyant dans une mission qu’il souhaitait bien ne pas nous voir accomplir. Avec la complicité d’un autre chef d’équipe sans scrupule, il prépara une embuscade à notre groupe qui fut complètement décimé. Je ne du mon salut qu’à un miracle que je ne m’explique toujours pas.
Toujours est-il que lorsque je parvins à regagner Seattle je m’étais fait une tout autre idée du « modèle corporatiste » de mon enfance. J’avais été déclaré mort en mission et cela me convenait très bien : ainsi, je n’existais pas. A l’ombre que j’étais devenu, il ne fallut pas longtemps pour exercer sa vengeance : les deux responsables de l’élimination de mon groupe périrent par ma main.
N’étant pas disposé à accorder de nouveau ma loyauté à quelque corporation que ce fût, il me fallut beaucoup plus de temps pour me construire une nouvelle vie : trouver un abri sur, des compagnons sur qui compter et un moyen de subsister. Comme beaucoup d’hommes compétents et sans « trace légale », les Shadowrun devinrent mon quotidien et j’acceptai en priorité celles qui pouvaient nuire de près ou de loin à mon ancienne maison.

Le temps a passé et j’ai tissé des relations solides avec d’autres runners, relations semblables à celles que j’avais connues au sein de ma première équipe. Des liens et des automatismes qui nous ont sauvé la vie à maintes reprises.
Le temps a passé mais ma rancœur envers les corporations n’a pas diminué, accentuée au contraire par le fait que je suis bien obligé de travailler pour elles malgré tout. Simplement, je sais maintenant que je suis un pion sacrifiable et n’attend rien d’elles en retour à part de gros paquets de nuyens.
Le temps a passé et je me suis fait une place dans ses bas fond que je méprisais autrefois.
Une place et un nom : Leprechaun.